Ce royaliste nationaliste qui prétend s’incruster dans une lutte sociale

Depuis que Sylvain Baron a été prié fermement par la commission « Accueil et Sérénité » de « Nuit Debout » de ne pas venir perturber le collectif en lutte qui occupe la place de la République, ses défenseurs nationalistes, chouardiens et autres conspirationnistes hurlent à la « censure » contre « la liberté d’expression », comme si la liberté d’expression, c’était pouvoir dire n’importe quoi à n’importe qui à n’importe quel moment en n’importe quel lieu et sans tenir aucun compte du désir des destinataires de recevoir ou pas le message qu’un propagandiste veut leur imposer. Beaucoup arguent aussi sur les réseaux sociaux que Baron ne serait ni fasciste ni d’extrême-droite, qu’il serait même « de gauche », et exigent auprès de ceux qui le nient des preuves du contraire.

Nous avons donc fait l’effort de ne pas nous contenter des témoignages qui attestent de ses liens avec des skinheads ou avec l’extrême-droite catholique et de nous plonger dans la lecture de quelques écrits de Sylvain Baron. L’ensemble, quoique d’une grande pauvreté théorique, présente beaucoup de digressions narcissiques et de bavardages confus qui en rendent la lecture laborieuse. Nous ne prétendons pas ici à l’exhaustivité et nous nous contentons de reproduire un florilège de citations qui nous semblent significatives.

Sylvain Baron est royaliste

Programme du LISDans la droite ligne du courant maurassien contre-révolutionnaire de l’extrême-droite, Baron se réclame de l’héritage monarchique de la France pré-révolutionnaire. Son programme politique baptisé « programme du LIS » arbore d’emblée la fleur de lys, emblème de la monarchie. Il y revendique « une institution royale nouvelle en France, qui n’aura aucun rôle exécutif majeur, mais sera en charge de faire le lien entre la Nation et son histoire profonde, c’est à dire son identité ». Admirateur des « monarchies scandinaves » car « ni les Suédois, ni les Danois, ni les Norvégiens ne se sont perdus dans l’euro et pour le cas particulier de la Norvège, ce pays n’est même jamais rentré dans l’U.E. » (on retrouve là l’obsession pour l’UE typique de l’UPR, le groupuscule complotiste dont Baron a été membre avant de s’en faire éjecter pour harcèlement), il explique que :

« malgré le fait que ces monarques n’aient aucun réel pouvoir exécutif sur ces questions, ils véhiculent l’Histoire de leur Nation. Et par ce lien entre le temps présent et leur passé ancien, les peuples du Nord ne souffrent pas d’un problème d’identité. Ils savent qui ils sont, et sans pour autant succomber dans le racisme ou le patriotisme exacerbé, ces peuples ne lâchent pas facilement des éléments de leur identité, comme le nom d’une monnaie. D’une certaine façon, ces peuples ont défendu âprement leur Souveraineté, qu’ils en soient conscients ou non, très certainement grâce à leurs institutions royales« .

Même si Baron, en bon confusionniste, brouille légèrement les pistes en appelant « souverain » plutôt que « roi » son monarque et en se démarquant du principe héréditaire de droit divin au profit d’une élection, il s’en tient néanmoins au principe du règne à vie :

« Car embrasser le commandement suprême de la France doit être en vérité une forme de sacrifice. Le règne sauf abdication ou destitution par le peuple via un référendum d’initiative populaire, se fera à vie.  (…) A la mort, l’abdication ou la destitution du Souverain, la France se cherchera un nouveau monarque à élire, et du fait de la rareté de cette élection au cours des siècles, ce sera l’occasion d’une grande unité populaire à travers des festivités qu’elles soient liées au deuil national ou à l’avènement du nouveau Souverain. Ces derniers, s’ils le signifient dans leur testament pourront être inhumés à la Basilique St Denis. »

Passons sur le ridicule achevé de cette histoire d’inhumation à la basilique Saint-Denis. Le plus significatif ici, c’est le thème du « sacrifice » qui fleure bon le pétainisme (« je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur » avait proclamé Pétain le 17 juin 1940). Quant à l’élection du « souverain », Baron montre à ce sujet une conception risiblement aristocratique (au sens étymologique du terme) :

« Il s’agira donc de nous trouver un Souverain parmi la population. Par principe, ce sera une personne éduquée, autant que possible ayant une bonne connaissance de l’Histoire et de la Géopolitique. »

Et Baron de sombrer encore plus dans le grand guignol :

« A notre époque, des gens comme Etienne Chouard ou Pierre Rabhi feraient d’excellents Souverains. »

Même si l’image d’un Etienne Chouard et d’un Pierre Rabhi trônant tels Louis XVI et Marie-Antoinette prête décidément à sourire, on se permettra de noter qu’un Chouard qui gobe le premier hoax historique venu n’a peut-être pas les qualifications exigées par notre bouffon néoplatonicien pour ceindre la couronne : en matière d’Histoire et de Géopolitique, son éducation laisse visiblement à désirer. Aux chouardiens qui répètent à l’envi que leur gourou n’est candidat à rien, on pourra donc faire remarquer que Chouard n’hésite pas à prendre parti pour un type qui veut le faire monter sur le trône et qu’à l’inverse on n’a jamais vu Mélenchon, Poutou, Arthaud et autres candidats de gauche ou d’extrême-gauche prendre fait et cause pour des dingues prétendant leur confier une autorité « à vie ».

« Les critères de l’élection d’un Souverain se rapprocheront de ceux explicités plus bas pour un chef de gouvernement, avec une dose de tirage au sort en plus et aucun programme politique à faire valoir, mais uniquement une personnalité… « 

Au temps pour ceux qui s’imaginaient que le tirage au sort évitait la personnalisation. Au comble de la confusion entre tirage au sort, élection et sélection par la qualification, Baron exprime en fin de compte ce que bien des mouvements d’extrême-droite ont en commun : la haine des organisations collectives défendant des programmes politiques, le refus du dissensus démocratique (expression de la lutte des classes) et l’aspiration à l’unité du peuple derrière une « personnalité » consensuelle. On aurait tort, d’ailleurs, de voir seulement dans les confuses élucubrations royalistes de Baron l’amusante excentricité d’un démocrate convaincu. La royauté selon Baron n’est pas que folklorique : son modèle reste le « despotisme éclairé » s’imposant au peuple. Il écrit ainsi :

« Mais si les despotes éclairés sont souvent plus doués que les démocrates pour amener du bien être social en leur pays, c’est par ce qu’ils s’affranchissent du débat parlementaire pour planifier leur économie en fonction de l’idée qu’ils ont de l’apaisement social. Car il est entendu qu’un peuple ne souffrant d’aucun mal être social, quand bien même en dictature aura tendance à se montrer sage. Ainsi Kaddhafi [sic] a par exemple acheté la paix sociale en Lybie avant que les Français et les Anglais décident de le renverser. La leçon que nous pouvons en tirer, est qu’il est nécessaire d’accorder une chance à un dirigeant visionnaire d’instituer sa politique, par une protection contre les caprices du peuple. »

Sylvain Baron aime l’Etat policier

Dans ses écrits, Baron exprime de manière récurrente son amour des forces de l’ordre. Les préconisations de son « programme du LIS » pour résoudre les difficultés de la jeunesse des quartiers de relégation sont par exemple avant tout policières :

« il me semble tout à fait raisonnable de placer de jeunes policiers (désarmés) dans les collèges et lycées à problèmes, afin de renforcer la surveillance, la prévention des violences, améliorer le rapport entre la jeunesse et les dépositaires de l’autorité publique, et obtenir une source de renseignements supplémentaires concernant des crimes et délits habituels dans les quartiers difficiles. (…) Durant les périodes de cours, ces policiers seront chargés d’aller vérifier au domicile des parents les raisons réelles concernant l’absentéisme non justifié de certains élèves. »

Et plus loin :

« Une fois les questions d’urbanisme passées, nous avons aussi la présence policière à renforcer drastiquement. (…) Un ami policier me confiait un jour qu’il préférait travailler de nuit, du fait qu’il n’y a pas de témoins pour gêner leurs interpellations quelques peu musclées. Et je le comprends. Certains délinquants ne sont pas des anges et chaque jour, nos policiers mettent leur vie en danger pour le service public qu’il assurent, dans le respect des procédures. Il y aura donc une première opération de nettoyage à mener dans les quartiers les plus sensibles, en réclamant aux Compagnies Républicaines de Sécurité de venir renforcer les effectifs policiers traditionnels. (…) Tant que la situation ne se sera pas apaisée dans les quartiers, les C.R.S resteront sur place pour que leur présence découragent [sic] les fauteurs de trouble et rassurent [sic] la population. »

Voilà un programme répressif et légitimant les violences policières qui n’a décidément rien à envier à celui du Front National.

Dans un récit publié par le média d’extrême-droite « Le cercle des Volontaires », le même Baron évoquait aussi avec un amour certain de la maréchaussée son équipée ridicule du 14 juillet 2015 :

« Notre petite troupe ainsi constituée, est partie saluer les policiers en tenue venus en renfort en terminant d’entonner la Marseillaise que nous chantions dans les couloirs et rames de métro, tout en invitant les citoyens à nous rejoindre aux Invalides. Ce qui est amusant avec le Mouvement du 14 Juillet, c’est qu’avant de nous voir, on nous entend chanter et gueuler dans les souterrains de Paris ! Après avoir salué les policiers, nous sommes partis nous positionner sur la place de la Bourse face aux fenêtres de l’A.F.P pour présenter nos couleurs et chanter une nouvelle Marseillaise, ce qui a fait la joie d’une touriste Australienne qui nous a filmé devant des parisiens incrédules sur les terrasses de café voisines. Trois agents de police en tenue civile, véritablement sympas (j’ai pas d’autres mots) ont échangé avec nous à tous sujets sans nuire à leur devoir de réserve mais exposant sincèrement leurs accords et désaccords sur les questions de légitimité de nos « représentants » politiques actuels et de l’usage politique de la police Française. Et ils trouvent en nous une nouvelle bonne raison de nous apprécier, car dimanche 2 Août, un incident s’est déroulé aux abords du camps des Irréductibles, qui s’est bien terminé grâce à ces derniers : Une dame visiblement septuagénaire, s’est faite voler son sac à la tire par deux malfrats. Ces derniers se sont alors fait courser par une quinzaine d’entre nous ayant assisté directement ou indirectement à l’agression, et par peur, on [sic] relâché le sac avant de s’engouffrer dans une bouche de métro. Baptiste, Pierre et Kevin, 3 jeunes irréductibles ont maintenu la poursuite devenant alors une opération de filature dans les couloirs du métro. Ce qui a permis d’informer la police qui a pu cueillir, place de la Concorde les individus. La sympathique mamie avait un réel sourire de gratitude, et habitante du quartier, conservera un bon souvenir de notre présence. Les policiers apprécient notre gestion des problèmes humains et notre coopération en toute sécurité avec leurs services. (…) Durant ce temps-là, nous avons donc continué de papoter avec les flics en civil présents sur le terrain, et la nouvelle équipe s’avéra toute aussi cool que la première rencontrée à place de la Bourse. J’y apprendrais ainsi qu’une femme policier (ravissante du reste) présente avec nous, avait été l’équipière d’Ahmed Merabet durant plus de trois années. »

Mais Sylvain Baron ne réserve pas son amour de l’ordre et des uniformes aux seules femmes policières ravissantes. Il en pince aussi pour l’armée à qui il veut confier le soin de traiter le problème de la délinquance :

« outre la politique de prévention, il y a aussi le traitement pénal qui doit garantir que le taux de récidive chute drastiquement. Et pour cela, je ne vois rien de mieux que l’armée ! (…) Tous les crimes et délits n’ayant pas entraîné des traumatismes psychologiques ou physiques graves à des personnes devront autant que possible être sanctionnés par un séjour dans un Camp de Discipline Militaire (CDM). Le but sera simple : briser les défenses psychologiques des petits caïds par un encadrement militaire très serré, redonner des repères importants sur la vie en communauté et le respect des autres, fatiguer les corps et écouler l’adrénaline excessive par du sport intensif, proposer des formations professionnelles ou des remises à niveau scolaire, assurer un suivi psychologique et en fonction de l’évolution du jeune, proposer d’embrasser une carrière militaire ou retourner à la vie civile. »

Mais qu’on se rassure, Baron ne veut pas seulement utiliser l’armée pour briser les « défenses psychologiques » de la jeunesse dans des camps disciplinaires, il veut aussi qu’elle aille guerroyer, par exemple en Syrie (NB : il écrit ces lignes en 2013) :

« si nous devions être au pouvoir maintenant, nous enverrions des troupes en soutien à Bashar Al Assad pour chasser les terroristes qui viennent de tous lieux, mais pas de Syrie, reprendre le plateau du Golan aux Israéliens »

… ou en Palestine :

« Nous n’hésiterons pas à placer une force militaire de soutien sur la bande de Gaza pour empêcher les incursions Israéliennes définitivement, et permettre aux Palestiniens de pouvoir jouir de leur accès à la mer librement. Je précise que nous n’avons rien à craindre d’Israël. Nous sommes une puissance nucléaire autrement mieux armée qu’Israël et c’est plutôt au Gouvernement Israélien de se sentir mal à l’aise face à la France. »

La guerre nucléaire contre Israël comme solution au conflit israélo-palestinien, il fallait y penser !

Sylvain Baron adhère à une vision du monde d’extrême-droite

Soutien à l’Iran d’Ahmadinejad, à la Syrie d’Assad, à la Libye de Khadafi, à la côte d’Ivoire de Gbagbo ou à la Russie de Poutine : on retrouve chez Baron les marqueurs d’une fachosphère prompte à soutenir tout ce qui peut s’opposer au prétendu « Nouvel Ordre Mondial » (« Le Nouvel Ordre Mondial veut faire décroître la population et moi aussi » titre-t-il dans un article de sa revue Poil à gratter) ou à « l’axe américano-sioniste ».  Fachosphère par ailleurs très sélective dans sa dénonciation de « l’impérialisme » (l’impérialisme russe ayant par exemple très bonne presse). Il faut d’ailleurs reconnaître qu’il y a là un point de porosité particulièrement intense avec certains milieux de la gauche radicale. Mais refuser les interventions militaires françaises à l’extérieur tout en proposant paradoxalement une intervention militaire française à Gaza contre Israël relève d’un point de focalisation assez singulier.

Dans le chapitre de son « programme du LIS » consacré à l’éducation nationale, Baron affirme :

« la première initiative que je considérerais comme saine, est l’abrogation de la loi Gayssot (…).
« A priori une telle loi semble saine, mais à bien y regarder, elle a posé de nombreux problèmes, puisqu’elle interdit spécifiquement aux chercheurs de remettre en cause l’Histoire du XX ème siècle (et spécialement liée aux atrocités de la seconde guerre mondiale) sans que ces derniers soient attaqués non sur la valeur de leurs travaux, mais sur leur antisémitisme ou négationnisme supposé. »

La loi Gayssot (qui punit le négationnisme) a été critiquée — et pas seulement par les négationnistes antisémites — mais il est tout de même curieux d’aborder cette question comme un point essentiel d’un programme politique ! Il est à noter que cette loi n’interdit en rien aux historiens de poursuivre des recherches sur l’histoire des « atrocités de la seconde guerre mondiale » ni de remettre en cause certaines données par de nouvelles découvertes (comme récemment la découverte par des archéologues de ce qui pourrait être les chambres à gaz de Sobibor). Ce qui est interdit, c’est la négation des crimes contre l’humanité. Focalisation sur Israël d’une part et obsession pour la loi Gayssot de l’autre ont tout de même de quoi inquiéter. Lorsqu’en plus Baron se permet de nous faire part de ses considérations avisées sur l’histoire de France, on sent poindre des théories franchement nauséabondes :

Ayant à cœur de rédiger un essai politique suffisamment court pour ne pas décourager ceux pour qui la lecture est une forme de torture mentale, je vais vous soumettre un point de vue de l’histoire sans trop m’y attarder, que des auteurs comme Pierre Hiliard ou Marion Sigaut démontrent avec beaucoup plus de talent et de références que moi : La révolution de 1789 fut un coup d’État de la finance contre le Royaume de France.

Rappelons que Marion Sigaut est une essayiste contre-révolutionnaire proche du « national-socialiste » antisémite Alain Soral et que Pierre Hillard est un complotiste proche des milieux catholiques intégristes. On a les références qu’on peut (et sur la Révolution française, il est significatif que Baron se réfère à des auteurs d’extrême-droite plutôt qu’à des auteurs comme Albert Soboul, Jean-Clément Martin ou même Eric Hazan, qui ont montré en quoi la Révolution avait été autant populaire que bourgeoise). La thèse conspirationniste du « coup d’Etat de la finance contre le Royaume de France » est une vieille lune de l’extrême-droite qui remonte à l’abbé Barruel, premier théoricien contre-révolutionnaire du « complot judéo-maçonnique ».

La finance évoquée par Baron n’aurait-elle pas quelques caractéristiques que la loi Gayssot, justement, l’empêche peut-être d’évoquer plus explicitement ?

« Nous ferons en sorte que la Libye puisse renationaliser à nouveau la production et la vente de son pétrole, ainsi que sa Banque Centrale qui immédiatement après la chute de Kaddhafi a été étrangement mise sous la coupe des Rothschild. »

Baron colporte ici un hoax en vogue dans la fachosphère conspirationniste antisémite (et nulle part ailleurs) qui aime fantasmer sur la « finance », surtout si elle s’appelle Rothshild ou autre nom de famille de tradition juive. On notera que la « finance » de type Morgan Stanley, JP Morgan, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Suisse, Barclays, Lloyd’s ou Deutsche Bank est nettement moins accusée de dominer le monde alors qu’elle est tout aussi nocive. Coïncidence ?

Bref, voilà un paroissien qui pense avec la fachosphère que Rothschild domine le monde, qui étudie l’histoire auprès de complotistes soraliens, qui se sent très gêné par la loi Gayssot et qui veut envoyer l’armée française menacer Israël de guerre nucléaire. Ça fait quand-même beaucoup, non ?

S’il en faut encore, signalons aussi que Baron fait partie de ces nigauds qui croient au hoax climato-complotiste des chemtrails :

« Autre résolution ferme : ouvrir une grande enquête sur les Chemtrails afin de définir les responsabilités et les raisons de ces épandages de produits chimiques à plus de 10.000 mètres d’altitude par des avions. Vous le découvrez peut-être en lisant ce livre, je vous suggère de vous y intéresser plus fermement sur internet. Les Chemtrails seront interdits sur le territoire Français et nous n’hésiterons pas à faire décoller des chasseurs pour obliger un avion répandant ces produits dans l’atmosphère, à atterrir sur l’aéroport le plus proche afin d’ouvrir une enquête. »

Sylvain Baron veut lutter contre l’immigration

Une des constantes de l’extrême-droite est l’obsession identitaire. Sylvain Baron n’y échappe pas, persuadé qu’il est que l’enseignement de l’Histoire de France « doit donner à chaque citoyen, un sentiment de fierté d’habiter un si vieux pays » (on conseillera dès lors aux vrais amateurs de « fierté » d’émigrer vers la Chine, pays dont l’ancienneté devrait leur procurer une extase sans pareille).
Il n’est pas dit cependant que pour Baron la fierté puisse être partagée de façon égale par tous ceux qui habitent ce si vieux pays. En effet :

« Nous nous débarrasserons aussi d’un autre tabou bien Français, celui de recenser la population avec les questions habituelles, mais aussi celles de l’origine ethnique et de la confession. Je trouve particulièrement raciste de nier les différences de chacun en se pinçant le nez sous le prétexte fallacieux d’égalitarisme. »

L’usage qui pourrait être fait d’un tel type de recensement n’est pas expliqué par Baron, ce qui est peut-être d’autant plus inquiétant. On goûtera la rhétorique de l’inversion chère à tous les confusionnistes : est qualifiée de « raciste » l’attitude qui consiste à poser l’égalité des droits sans tenir compte des différences ethniques ou confessionnelles.

Dans un pays où un parti d’extrême-droite xénophobe est capable régulièrement de figurer au deuxième tour d’élections de premier plan, voire de l’emporter, quelle est la priorité de Sylvain Baron ? Combattre le fascisme ? Aider les victimes de racisme, les réfugiés, les clandestins traqués ? Non. L’ennemi, ce n’est ni le Front National, ni le racisme ni la xénophobie, mais « la gauche française » :

« L’un des thèmes centraux de la gauche Française pour se donner une assise morale soit-disant respectable, est de condamner tous propos qui marqueraient une opposition forte à l’accueil continu de migrants. Nous sommes habitués à ce que quiconque explique souhaiter une régulation forte des flux de personnes entrantes aux frontières, soit immédiatement suspecté d’être un raciste notoire, un xénophobe et en toute logique un électeur du Front National.

De fait, alors que le sujet de l’immigration se ramifie en de nombreuses problématiques sociales, économiques et sociétales, les Français osent de moins en moins aborder cette question sous peine qu’un ayatollah de la gauche bien pensante vienne jeter son fiel en place publique, sur le malheureux qui aurait exprimé une pensée contraire à la doxa. »

Et quel est exactement le problème de l’immigration selon Baron ?

« En créant les conditions d’une entrée facile en France pour des migrants illégaux, il se forme un appel d’air réel.

Elle est à l’origine des ghettos en France, des camps de Roms, de la mendicité, de la délinquance et de la pauvreté. Cette gauche là qui souhaite survivre en donnant le droit de vote aux dizaines de milliers de migrants Africains qui arrivent chaque année en France, doit absolument être éjectée de toutes les institutions qu’elle gangrène.

Donc malgré toute la gêne morale que cela peut susciter en nous, il convient d’accepter que nous devons non seulement expulser les migrants illégaux, mais aussi veiller à freiner l’appel d’air par la suppression de toutes les allocations existantes à leur égard. »

C’est à peu de choses près le programme du Front National, reposant sur le même préjugé xénophobe comme quoi l’immigration (et non les inégalités sociales et les discriminations raciales) serait la cause de la misère et de la délinquance. Mais Sylvain Baron aime à dire sur les réseaux sociaux qu’il est « de gauche » et qu’il ne comprend pas pourquoi de méchants « antifas » ne veulent pas le laisser distiller ses idées « de gauche » dans des rassemblements comme « Nuit debout ».

Loin de « l’égalitarisme » qu’il fustige, il va jusqu’à assumer d’établir une hiérarchie dans la discrimination :

« Si je n’ai pas d’autres solutions que l’expulsion pure et simple de la plupart des migrants venus d’Europe de l’Est et notamment de Roumanie et de Bulgarie, s’agissant des Africains, je pense que nous pouvons traiter au cas par cas (…). »

On voit que Sylvain Baron partage avec l’extrême-droite et avec Manuel Valls le rejet des Roms.

« Je suis indo-européen et catholique », affirme-t-il, faisant d’un mythe déjà fortement remis en question une identité actuelle. Ne pourrait-on dès lors envisager son expulsion vers le Vatican ou vers l’Indo-européanie ?

Alors, de gauche, Sylvain Baron ?

« Vous avez sans doute remarqué que dans ma conception de l’économie, je fais tant appel au libéralisme, au Colbertisme, au Keynesianisme, au communisme qu’au néo-Malthusianisme » assène-t-il. Bigre ! En guise de communisme, on trouvera effectivement une reprise des thèses de Bernard Friot sur le salaire à vie… mais aucune référence à l’existence de classes sociales antagonistes ni aucune réflexion sur la propriété lucrative. Très loin de Marx ou Keynes, les auteurs cités par Baron sont plutôt Asselineau, gourou de l’UPR à qui il emprunte son obsession anti-UE, Chouard et Cheminade (chef de la filiale française de la secte de Lyndon LaRouche).

N’oublions pas non plus qu’il se compromet régulièrement avec tout ce que la fachosphère compte de complotistes et autres cryptofascistes, de la « démosophie » à l’UPR en passant par Le Cercle des Volontaires, MetaTV ou l’Agence Info Libre.

De gauche, Sylvain Baron ? Assurément pas. Acteur des luttes sociales ? Non plus. Il a d’ailleurs bien répété lors de ses tentatives d’intrusion à « Nuit Debout » qu’il n’avait rien à faire de la loi El Khomri, alors que c’est bien du prolongement de la manifestation du 31 mars 2016 contre cette loi qu’est parti le mouvement d’occupation de la place de la République. Confusionniste ? Complètement. Imbibé de pensée d’extrême-droite ? Indubitablement. A tenir à l’écart des luttes sociales auxquelles il n’a rien de bon à apporter ? A coup sûr. Et cela ne nuira en rien à sa « liberté d’expression » ni à celle de ses amis fascistes qui appellent ouvertement sur son mur FaceBook à « exterminer la vermine gauchiste » par dizaine de millions.

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5 réflexions au sujet de « Ce royaliste nationaliste qui prétend s’incruster dans une lutte sociale »

    1. Observatoire des réseaux sociaux ? Je dirai police politique, au service du PS, au moins pour moi, c’est clair et net, on appelle ça une révolution orange foncé………Je passais par Hazard, et ce que disait cet homme n’était pas dénudé de sens, et le micro a circulé, n’est-ce pas la démocratie ? Vous êtes sectaire et votre mouvement s’essouffle sérieusement…….

      1. Nous n’avons aucun pouvoir de police, sommes plus rouges et noirs que orange et nous combattons le PS dont nous écrivions dans un récent article qu’il est à la solde du Medef.
        Sylvain Baron peut exercer son droit démocratique dans plein d’endroits. Nous ne l’en empêchons pas. Notre article démontre juste qu’il ne se situe pas dans le camp des luttes sociales et qu’il n’a donc aucune légitimité à prendre la parole dans une AG de lutte. Nous mêmes n’allons pas réclamer le micro dans des meetings royalistes.

  1. Sylvain Baron est maintenant présent à Nuit debout Nantes depuis trois jours, ou il aurait recçu selon ses dires un « acceuil très positif » malgré dixit ses propos «  les tentatives des milices antifa locales de le censurer ».

    Des militants antifascistes locaux ont bien tente lancé l’alerte de sa venue à Nantes sur Indymedia Nantes mais rien n’y fait , il est toujours présent sur place tout en affirmant triomphalement sur sa page face book qu’il fait maintenant parti d’une commission constituante.

    https://nantes.indymedia.org/articles/34518

    Question ????? ils vont faire comment à Nantes pour ce débarasser de ce provocateur qui semble avoir des appuis bien placé dans Nuit Debout Nantes

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