L’Observatoire des Réseaux compte parmi ses lecteurs un personnage inattendu : le conspirationniste Alain Benajam, président du Réseau Voltaire France, dont nous avions déjà évoqué dans un précédent article le soutien au très confusionniste « mouvement du 14 juillet ». Il nous est effectivement revenu qu’Alain Benajam avait commenté le 9 juillet 2015 sur son mur Facebook notre article relatif à la dieudonniste Ariane Walter. Mais, emporté par sa propension à interpréter le réel selon ses lubies complotistes, il s’est laissé aller à quelques affirmations ridiculement mensongères à notre sujet : d’après lui, nous serions des « suppôts de l’oligarchie », en « adoration » devant « l’impérialisme », répétant un argument « venant certainement de plus loin au-delà de l’océan ». On cherchera en vain l’ombre d’un argument à l’appui de ces allégations invraisemblables. Il faut dire qu’Alain Benajam serait bien en peine de trouver dans nos publications la moindre trace de soutien à l’oligarchie capitaliste, au colonialisme, à l’OTAN, à l’impérialisme américain ni à quelque autre impérialisme, d’ailleurs. On ne peut pas en dire autant d’Alain Benajam lui-même, qui est en adoration non-dissimulée devant les impérialismes russe ou chinois, et dont le réseau a de notoriété publique bénéficié de la bienveillance d’oligarques tels Bachar El-Assad, notamment par l’intermédiaire de Thierry Meyssan, proche aussi du Hezbollah libanais et de l’ex-président iranien Ahmadinejad. On se contentera de préciser que le soutien à l’impérialisme chiite contre le « grand Satan » américain ne constitue peut-être pas le brevet d’anti-impérialisme le plus convaincant qui soit.
Par ailleurs, Alain Benajam attaque aussi notre méthode, nous accusant de cibler Ariane Walter parce qu’elle serait « amie avec Pierre qui le serait avec Jacques et lui-même avec Paul qui un jour par malheur aurait croisé Alain Soral le national-socialiste ». La seule affirmation qui contient une part de vérité, dans cette phrase, c’est que l’antisémite Alain Soral se revendique effectivement lui-même comme « national-socialiste », donc nazi. Mais contrairement aux allégations de Benajam, notre article sur Ariane Walter ne procède nullement d’un amalgame type « maraboutd’ficelle ». Nous avons en effet montré, preuves à l’appui, ce que ses publications recelaient de propos conspirationnistes et antisémites, de soutien au régime de Poutine, de négation du clivage gauche-droite, et de pensée réactionnaire. C’est à partir de là, uniquement, que nous avons conclu qu’elle appartenait désormais idéologiquement à l’extrême-droite alors même que de trop nombreux internautes la croient toujours de gauche du fait de son culte passé à l’égard de Mélenchon. Ariane Walter n’est pas l’innocente amie de l’homme qui a vu l’homme qui a vu Soral : elle souscrit par exemple aux propos du délinquant antisémite nazi Soral lorsqu’il « précise clairement qu’il n’a rien contre les Juifs ». Ce sont ses mots à elle. Pas ceux d’un ami d’un ami (et soit dit en passant, non, monsieur Benajam, Alain Soral n’est pas une invention de l’Observatoire des réseaux, ni du Mossad ni de la CIA ni des extra-terrestres).
Bref, en prenant aussi maladroitement la défense d’Ariane Walter, Alain Benajam ne fait que prouver qu’il ne sait pas penser autrement que sur le mode du complot, et confirme qu’Ariane Walter, avec un soutien aussi compromettant, ne peut plus se prévaloir d’appartenir au camp de la gauche.